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Lyon Capitale : interview

J’ai eu l’honneur de figurer auprès de personnalités comme Corrine Morel-Darleux dans un dossier spécial Anthropocène publié par le magazine Lyon Capitale courant 2019.

Photographie de la page de l'article, retranscrit ci-dessous.

Le design version anthropocène

« Deux mouvements s’opposent dans le monde de la tech’ : ceux qui ont compris, qui voient les canicules et les problèmes de plus en plus fréquents avec les infrastructures, et ceux qui croient encore que la tech’ peut nous sauver. » Marie-Cécile Paccard a choisi son camp, celui de « ceux qui essayent de se battre ». À rebours des transhumanistes de la Silicon Valley, cette designer lyonnaise au look futuriste estime que « les métaux rares vont s’épuiser avant qu’on ne construise de nouvelles technologies ». Pur produit du design, l’application AirBnB a inventé un nouveau modèle économique jusqu’à influencer « l’habitabilité » des centres-ville. Pour Marie-Cécile Paccard, c’est l’illustration d’un « design mal placé », d’un manque de recul sur ses conséquences et les ressources nécessaires pour bâtir de nouvelles voies. Il y a un an, après avoir assisté à la conférence « Interaction 18 » à la Sucrière et entendu la designer Anab Jain exhorter à sortir de la vision selon laquelle l’homme est le centre du monde par rapport aux autres espèces et à son propre environnement, elle a entamé « son virage anthropocène ». « J’ai entrepris une réflexion sur comment je pouvais changer la façon de faire mon métier, qui consiste à aider les entreprises à appréhender des situations complexes, à construire des produits, gérer des problèmes et répondre aux besoins de leurs clients ». Le prisme de l’impact écologique et l’aspect durable prennent désormais le pas pour refuser « le dogme de la croissance infinie ». « Un exemple de design anthropocène est celui de Low-Tech Magazine, qui a choisi d’héberger son site Web sur un serveur alimenté à l’énergie solaire. L’expérience de leur site a été repensée intégralement pour tenir de manière durable, ce qui veut dire faire un site léger et accepter qu’il ne soit pas disponible en cas de manque de soleil ». Pour se réinventer, Marie-Cécile Paccard s’est rapprochée de la communauté du logiciel libre et a co-fondé Common Future(s), un collectif qui vise à rassembler les designers qui réfléchissent à ces problématiques et à questionner les rôles et les devoirs d’une profession qui a « contribué à façonner le monde actuel et a nourri l’Anthropocène ».

Lyon Capitale, M.R.