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Design pour des futurs souhaitables

Introduction vidéo extraite de « Ce que les jeunes de 1962 pensent de l’an 2000 »

Alors ? A-t-on a réussi à se « donner plus la main » ? Vous pensez que « la technique a su assagir les hommes » ?

Vous l’aurez compris, nous allons vous parler de futurs. Une question préalable : si certains ou certaines d’entre vous ignorent que dans quelques années, notre situation risque d’être difficile, voire catastrophique, voici un rapide rappel : nous sommes en situation d’urgence climatique et notre survie individuelle et collective en tant qu’espèce est menacée, de notre vivant, dans les trois ou quatre décennies à venir. Nous sommes entrés dans l’Anthropocène, une ère géologique inédite où le climat est modifié par l’humain, en profondeur et sans retour possible.

A priori, ça n’est pas un futur aussi désirable que celui qu’on imaginait en 1960, même si manifestement on était bien d’accord sur les trémies d’autoroutes…

Cette conférence s’appelle « façonner des futurs désirables ». Mais c’est quoi, un futur désirable ? Quel est votre futur désirable ? Pour certaines et certains, c’est un futur parfait où le progrès technologique rend notre vie encore plus confortable. Un futur où tout le monde est plus riche, où les voitures sont électriques et les téléphones pliables. Pour d’autres, c’est un futur où la nature reprend sa place, plein de vert et plein de low-tech, où les ressources sont gérées, même si cela signifie qu’on est moins riches individuellement.

Mais même si nous sommes d’accord que les futurs désirables nous permettront de rester heureuses et heureux, nous n’avons pas tous et toutes une vision unifiée de ce que peut être un futur désirable, ni des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

Avant de désirer un futur, attardons-nous sur deux éléments très importants : premièrement, le champ de nos actions.

Rien n’est neutre dans le design et dans la conception. Chacun de nos choix, même microscopiques, et des actions qui en découlent ont un impact parfois bien plus important que nous ne pouvons l’imaginer. Nous pouvons aider à émanciper des populations entières ou bien les aliéner et leur nuire terriblement. Que nous soyons designers, développeuses ou développeurs, ingénieur·es, peu importe : nos actes définissent déjà des futurs.

Vidéos

Avec Thomas Di Luccio

Au Forum PHP 2019

À MiXiT 2019

À GEN Metz 2019

Ensuite, il y a le champ des possibles. Ce champ est en train de diminuer chaque jour un peu plus. C’est mathématique : nous existons dans un monde fini. Nous ne nous attarderons pas sur ce point, d’autres l’ont très bien fait, notamment Alexandre Monnin lors de sa conférence « Quel avenir pour le numérique ». Nos futurs doivent prendre en compte la réalité physique et thermodynamique de notre planète. Donella et Dennis Meadows et le reste de la commission en charge par le Club de Rome d’étudier les trajectoires possibles de notre système l’avaient évoqué en 1972 dans leur livre « Limits to Growth ».

Par où commencer, si nous souhaitons concevoir des futurs désirables ? Parfois, quand on ne sait pas ce que l’on veut, on peut commencer par définir ce que l’on ne veut pas. Et pour savoir où nous ne voulons pas aller, nous vous proposons un petit exercice d’analyse. Qu’en est-il de notre monde en 2019 ? Prenons quelques éléments du présent, amplifions-les et regardons quels fenêtres cela ouvre sur des futurs.

Les éléments du présent qui vont s’amplifier, en voici quelques uns :

Il ne faut pas grand chose pour transformer ces faits existants en monstruosités dans une décennie ou deux. Le tableau est loin d’être reluisant…

Futurs !

Maintenant, allons jeter un oeil dans les quelques décennies qui arrivent pour voir ce que tout cela peut donner ! Attachez vos ceintures, voyage dans les futurs !

2059 — Business as usual

On pourrait imaginer un futur où nous n’avons strictement rien changé à notre mode de vie d’aujourd’hui. Par contre… Il ne resterait que 500 millions d’entre nous. Enfin, personne ne sait vraiment combien nous sommes, les états se sont effondrés et ce n’est plus la priorité de quiconque de faire des recensements. L’espérance de vie est tombée à 50 ans en moyenne, plus de vie humaine possible à partir de l’Italie jusqu’en Argentine. Que des vestiges de notre civilisation actuelle… Un futur peu enviable nous attend si nous ne faisons rien.

2073 — Corpocratie

Et si les corporations, les GAFAM et ses gentils CEOs prenaient les commandes ? Miracle ! Notre civilisation est sauvée, mais par contre une corporation autorise ou non les naissances, le travail passe par un « job board » mondial où on s’arrache des petits boulots, plus que 2 saisons sur terre et une mortalité incroyable dans les pays les moins chanceux qui n’ont pas réussi à convaincre les investisseurs…

2055 — Climatoscientisme

Laissons la main aux scientifiques, alors ! Allez, de grandes bâches solaires pour faire descendre la température, des voitures électriques distribuées dans les grandes villes, des stations flottantes marines pour éviter le changement des courants ou capter le CO2 (on ne rigole pas, ça existe vraiment !)… Enfin que dans les pays qui disposent d’assez d’argent pour financer les travaux, évidemment ! Sauf que dès qu’il y a un grumeau dans la pâte, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui meurent d’un coup, parce que les infrastructures demandent de la maintenance et des ressources qui se raréfient à grande vitesse… 

2048 — Écocratie compensée

Le temps de la compensation est arrivé ! C’est vrai ça, et si nous compensions ? C’est dans ce futur là où nous avons décidé de continuer à polluer, MAIS en faisant quelque chose de bien pour rattraper à côté. Pour chaque kilomètre roulé, un arbre planté ou un dollar payé. Alors certes nous sommes restés en dessous des 1,5°, mais nous nous sommes fait rattraper par la fin des stocks de pétrole, de charbon et de tous les métaux précieux si nécessaires à nos belles trottinettes et nos voitures électriques. La mortalité est drastique, celles et ceux d’entre nous qui survivent errent en tentant d’échapper aux villes… C’est toujours pas ça.

Problèmes et apprentissages

Si l’on regarde tous ces futurs possibles, chaque trajectoire amène son lot de problèmes qui se nourrissent les uns les autres. Notre monde est un système complexe :

  • Le déclin est lent et… invisible ! Chaque jour peine à se différencier du précédent, rendant notre perception des choses totalement biaisée.
  • L’enfer… c’est les autres ! Ce n’est jamais de notre faute, mais de celle d’un·e autre qui a mal fait ou n’a rien fait.
  • Nous sommes entouré·es de verrous socio-techniques, difficiles à détecter et difficiles à combattre. Les infrastructures routières n’en sont qu’un petit exemple !
  • Les systèmes toxiques sont résilients : il ne faut jamais les sous-estimer.
  • Le « technologisme » engendre des encombrements et de la complexité en plus.
  • La solution est souvent le problème : aucun changement n’est neutre dans un système complexe et clos.
  • Tout est politique. Absolument tout. Du moment où nous influons la vie d’autres personnes, il est de notre devoir de re-politiser notre action et de la replacer dans un contexte de vivre-ensemble.
  • Cacher un problème ne fait que le rendre pire.
  • Un problème ne se résoudra jamais de lui-même.

Et si… nous apprenions de nos erreurs ? Quels apprentissages sont possibles quand on s’exerce à observer ces futurs peu désirables ?

  • Se reconnecter au vivant, au système Terre : tout ce qui nous entoure n’est pas une ressource dans laquelle nous pouvons puiser librement. Nous faisons partie de ce tout et nous devons faire l’effort de changer de rapport avec la « nature ».
  • Détecter et briser les verrous mentaux, sociaux et techniques : il y a de quoi faire !
  • Considérer que tout est politique, encore une fois. Accepter que la richesse en matériaux et l’apparente indépendance énergétique de certaines nations, la nôtre y compris, se sont construites au rythme des colonisations et de l’exploitation indécente d’autres êtres humains.
  • Encapaciter les personnes, les rendre autonomes, car c’est comme cela qu’elles pourront prendre de meilleures décisions pour elles et pour le bien commun.
  • Enrichir et préserver les communs
  • Respecter les limites planétaires
  • Faire des choix en conséquence : où dépenser les ressources et l’énergie ?
  • Respecter l’altérité et le pluralisme
  • Accepter qu’il n’y a pas de réponse simple
  • Se préparer émotionnellement si tout échoue

En mettant ces apprentissages en application, nous pourrions même imaginer…

2057 — Un futur soutenable ?

Un futur où la jeunesse a décidé de sécher les cours et de mettre la pression aux adultes, aux gouvernements, aux journalistes et aux politiques. Un futur où chacune et chacun d’entre nous unit ses forces et fait pression sur les autorités, où nous décidons d’organiser un changement profond de mode de vie. De re-végétaliser tous les espaces publics en ville, d’abandonner la voiture pour revenir à d’autres modes de transport, de tout réparer, de considérer la nature comme notre milieu et pas comme une ressource.

Les conséquences sont fantastiques : nous restons en dessous des 1,5°, nous réussissons à revenir à une agriculture locale, paysanne et partagée, notre quotidien est bien moins confortable, mais nous vivons des existences plus simples, plus connectées entre nous, tout en ayant pu préserver le meilleur de ce que notre civilisation passée a pu engendrer : les progrès essentiels de la médecine comme les vaccins, un Internet certes plus rudimentaire et décentralisé mais toujours préservé dans son essence, les low-tech qui permettent de conserver un confort plus sobre, mais ajusté à nos besoins…

Il est possible dès aujourd’hui de détecter quels futurs sont désirables ou pas. Nous pouvons travailler dès maintenant pour faire en sorte que ceux que nous ne désirons pas ne voient jamais le jour. Le designer australien Tony Fry appelle cela la « défuturation », où nous commençons dès maintenant à agir pour ne pas devenir les vieux tromblons que nos enfants haïront. Vous nous demanderez bien justement… Mais comment fermer ces futurs ? Par où commencer ? Par brûler toutes les trottinettes électriques ? Par entreprendre une critique virulente de la vision écologique du voisin ?

Un élément de réponse : le tout premier des changements ne peut venir que de l’intérieur.

Si les choses devenaient dramatiques et que je devais mourir, dans mon dernier souffle j’aimerais me dire que j’ai tenté tout ce que j’ai pu.

Nous sommes tous deux designers, on a appliqué nos propres préceptes et avons commencé à balayer devant notre porte. Le design a joué un rôle majeur dans l’accélération des cycles de production et consommation. Nous avons totalement accepté le dogme de la croissance exponentielle et avons répondu à la commande du capitalisme en rendant désirables des produits qui n’étaient pas durables, voire dangereux pour notre espèce et pour le système Terre.

Nous avons donc pris notre pratique à bras le corps et l’avons questionnée en profondeur.
C’est valable pour le design, mais c’est aussi valable pour toutes les professions qui conçoivent. Le développement, l’ingénierie, le management des organisations, l’élaboration des législations… Nous pouvons adopter une position critique par rapport à l’Anthropocène et à sa nouvelle donne.

Est né Common Future[s], un groupe ouvert et libre de personnes qui conçoivent des choses et qui souhaitent réfléchir à leurs pratiques. Notre objectif est d’apporter de l’aide aux praticiennes et praticiens du design. Nous avons couché sur le papier quelques grandes vérités communes :

  • Accepter et intégrer l’Anthropocène comme point de départ de nos pratiques,
  • Refuser le dogme de la croissance infinie,
  • Prévoir et gérer les externalités et les cycles de vie de nos artéfacts et systèmes,
  • Prouver et assumer le design comme un acte politique,
  • Contribuer à préserver, voire régénérer l’habitabilité de la planète,
  • Se soutenir entre pairs en créant des outils de design conviviaux.

L’un de nos premier exercice a été d’essayer de mettre au point des heuristiques. On appelle ça des « heuristiques » car ce sont des principes vastes et pas des instructions précises. Pour l’instant, c’est encore un gros fouillis, trié en trois piliers et une liste d’outils.

Si on zoome sur ces piliers, nous avons commencé à lister des sujets importants que nous allons détailler, documenter et enrichir dans un futur très proche.

Inspiration !

Il y a des milliers d’autres projets plus aboutis que le nôtre, en voici quelques exemples pour vous inspirer et vous soutenir dans une transition de votre pratique.

Closing Worlds

Alexandre Monnin et Diego Landivar sont chercheurs au sein d’Origens Medialab. Leur projet « Closing worlds » propose de s’interroger sur les futurs que l’on sait déjà non désirables et de réfléchir à comment les fermer aujourd’hui.

http://origensmedialab.org/closing-worlds/

Reinventing Organizations

On ne présente plus l’ineffable Frédéric Laloux qui est allé étudier plus d’une centaine d’organisations qui faisaient les choses différemment et qui, contrairement à tous les détracteurs capitalistes, étaient stables et rentables. Au cours de ces 650 pages, on parle de confiance, de résolution des conflits, de systèmes de prise de décision, d’être soi-même, d’organisations résilientes…

http://www.reinventingorganizations.com

Toxic Tech

Sara Wachter Boettcher et Safiya Umoja Noble nous proposent deux ouvrages pour appréhender en profondeur les oppressions que nous pouvons perpétrer malgré nous en tant que personnes privilégiées au sein de nos logiciels et autres algorithmes. Deux ouvrages parmi tant d’autres qui permettent de modifier en profondeur notre manière de concevoir le monde !

http://www.sarawb.com/technically-wrong/

https://safiyaunoble.com

The Shift Project

Jean-Marc Jancovici, éminent spécialiste des énergies, est derrière The Shift Project, un think tank qui s’occupe à proposer des mesures claires et actionnables pour décarboner l’Europe. Allez y jeter un oeil, c’est éclairant quant à ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour rester en dessous des fameux 2 degrés, comme par exemple la mesure qui touche aux véhicules qui consomment plus de 2 litres de carburant aux 100km…

https://theshiftproject.org

Données et projections

Dans la gamme des outils à notre disposition pour imaginer des futurs désirables et définir comment les atteindre, ces bases de données peuvent vous aider :

  • DRIAS est une base de données de projections climatiques par région,
  • Our World in Data est une formidable banque de ressources et modélisations de données sur une gamme immense de sujets : population, santé, nourriture, énergie, environnement, technologie, croissance et inégalités, travail et modes de vie, conflits, éducation, politique…

http://www.drias-climat.fr

https://ourworldindata.org

Unschool

Leyla Acaroglu est designer et elle concentre ses efforts sur le design systémique, l’économie circulaire et les moyens de briser les verrous culturels qui nous empêchent de réfléchir et agir différemment. Elle propose des cours en ligne sur son site Unschool, en anglais, et dont certains sont gratuits. Ce sont d’excellentes introductions à la pensée en systèmes, l’économie circulaire…

https://unschools.co

Low-Tech Web

Notre confrère Gauthier Roussilhe s’est inspiré du site Low Tech Magazine pour repenser de fond en comble son site web en mode « low tech ». Il propose un guide de conversion numérique au low tech très documenté que nous vous recommandons chaudement. Gauthier et Richard Hanna sont en train de développer un plugin Firefox qui permettra d’évaluer les émissions de CO2 d’un site, selon la manière dont il est hébergé et comment il est conçu.

http://gauthierroussilhe.com/fr/posts/convert-low-tech

Recontraindre le design

James Auger et Julian Hanna sont deux designers-chercheurs qui mènent un projet expérimental où ils vont au contact de populations et de lieux pour implémenter des concepts sur site et avec les ressources locales. Leur but est de re-créer leur « Newton Machine » (une batterie à gravité) : un système qui permet de s’affranchir du réseau en créant un stock d’énergie utilisable en cas de besoin, le tout main dans la main avec les habitant·es et à l’aide des ressources à leur disposition sur le moment.

Ils ont publié un manifeste du design re-contraint qui est un parfait point de départ pour questionner en profondeur nos méthodes et notre pratique du design.

https://crapfutures.tumblr.comhttp://www.cccb.org/en/activities/file/the-newton-machine/228173

Design futuring

Tony Fry est un designer australien dont les travaux de recherche sont précieux : il s’intéresse à la soutenabilité du design, à l’éthique et au concept de « défuturation ». Une base de pensée indispensable, accessible en anglais.

https://www.bloomsbury.com/uk/design-futuring-9781847882172/

Action !

Bon… Nous venons de vous donner un nombre substantiel d’informations, pas toutes très joyeuses. Il est possible que vous soyez sidéré·e, et que cela vous empêche de réfléchir et d’agir. Sachez tout d’abord que cela est normal, et que vous n’êtes pas seul·e. Alors voici quelques propositions d’action immédiates.

Contribuer à nos heuristiques !

Clonez-lez. Inspirez-vous en pour créer les vôtres, adaptées à votre industrie. Proposez des modifications, des ajouts de références, enrichissez, inspirez d’autres personnes pour en faire un commun.

https://frama.link/commonfutures-heuristiques
https://github.com/common-futures/heuristics

Créer des outils de mesure

Codons des matrices de modélisation et de calcul d’externalités et de cycles de vie, des outils qui permettent de visualiser la consommation énergétique et de ressources, la production de CO2, etc. Il y a tout à faire ici aussi. Des outils existent déjà à droite à gauche, mais ils sont pour la plupart propriétaires. À nous de créer des alternatives libres et accessibles. Aidons les gens à savoir ce que génèrent leur activité !

« Show, not tell »

« Montrer que c’est possible » vaut tous les discours. Faisons, construisons, prouvons, exposons nos proof of concept, nos MVP, nos idées les plus folles. Créer un précédent permet de couper court aux débats sur la faisabilité de nos idées. Soyez ce modèle que vous auriez aimé avoir ! Vous pouvez contribuer à changer le monde en inspirant d’autres personnes.

Agile Lyon 2019 a créé un précédent cette année en passant du modèle de sponsoring et de visibilité à la convergence des intérêts et l’entraide.

Soyons radical·es

Le monde ne changera qu’avec notre radicalité et notre intransigeance envers nous-même. La radicalité signifie deux choses : refuser le compromis, et revenir à la racine des choses. Le temps presse chaque jour plus. Nous n’avons plus le temps de nous excuser de demander pardon et de laisser la moitié de nos convictions partir en compromis mous. Nous sommes dans le temps de l’action. Soyez radicial·e ! Ne posez un genoux à terre que pour en faire une revendication.

Soyons des chef·fes, mais pas n’importe quel·les chef·fes

Et exigeons de meilleur·es chef·fes également ! Comme le disait César à Arthur (Kaameloot livre 6) :

— « Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes : des bons, des mauvais. Des pleines cagettes, il y en a. Mais une fois de temps en temps, il en sort un exceptionnel. Un héros, une légende… Des chefs comme ça, il y en a presque jamais. Mais tu sais ce qu’ils ont tous en commun, tu sais ce que s’est leur pouvoir secret ?
— Non.
— Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. »

Rendons les communs le plus accessible possible

Les communs, ce sont ces choses qui appartiennent à nous toutes et tous. Ce sont les espaces publics, les initiatives partagées, Wikipedia et les initiatives libres dans le numérique, notre système de santé, etc. Nous avons de plus en plus besoin de communs solides à partager entre pairs, mais nous avons également besoin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Proposons des initiatives de création de communs, de rachats de biens et de terrains, demandons aux futurs utilisateurs et utilisatrices ce dont ils et elles ont besoin pour être autonomes dans l’utilisation de ce que nous créons ensemble, améliorons la documentation des communs, etc.

Écrivons nos histoires et portons-les en bandoulière

Sur une citation de Guillaume Faburel, nous devons dorénavant écrire notre propre histoire et la porter en bandoulière. Cette étape est cruciale car nous avons besoin d’une immense variété de récits différents pour porter les messages de futurs différents et désirables.

Nous vous invitons à contribuer à notre publication Medium en écrivant votre propre éveil à l’Anthropocène et à ses enjeux, tout comme nous l’avons fait : https://medium.com/common-futures

Rendons désirables les futurs soutenables

Tant que le capitalisme arrivera à nous faire croire que posséder des objets inutiles et qui coûtent à notre survie environnementale est plus valorisant que d’adhérer à la sobriété, nous n’avancerons pas. Tant qu’on ne pourra pas donner ENVIE aux gens de laisser tomber une partie de leur confort pour aller vers une vie différente certes, mais plus enrichissante, on n’y arrivera pas. Notre rôle est clé là dedans, surtout dans le design : c’est à nous de valoriser ce qui est le plus capital pour la survie du système Monde. Comme le disent les adeptes du mouvement minimaliste, « Love people, use things », « aimez les gens, utilisez les objets » et pas l’inverse. Marie Kondo a dédié sa méthode KonMari à l’acte de retrouver de la joie dans un minimum d’objets.

Aucun combat ni aucune cause ne sont meilleures qu’une autre.

On ne peut pas décider pour les autres ce que doivent être leurs luttes. Il y a de la place pour tout le monde. Pour toutes les façons de faire. Pour tous les angles de combat. Soyez un·e meilleur·e allié·e. Battez-vous pour que les autres puissent mettre en œuvre les leurs.

Et si ça ne suffit pas ?

Il n’y a pas de « bonne solution », ni de « solution » tout court. Notre situation n’est pas un problème à résoudre, c’est un « predicament », du terme anglais qui n’a pas vraiment de traduction à ce jour : une situation, un état de fait. Il n’y a pas de solution à quelque chose qui n’est pas un problème. Nous ne pouvons ni réabsorber le carbone produit depuis 100 ans, ni changer le cours des choses. Il nous faut maintenant faire avec cette nouvelle donne. Y’aura-t-il un effondrement ou un déclin ? Peu d’importance. La différence que nous ferons, c’est ce que nous choisissons de faire dès aujourd’hui.

« Dans mon dernier souffle, je pourrais me dire que j’ai fait de mon mieux. » Alors faisons de notre mieux 🙂

Aller plus loin : références et inspirations

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