En 2018, je fête mes deux ans d’entrée dans l’entrepreneuriat. En deux ans, beaucoup de choses ont changé, autant dans l’industrie du design d’interaction que dans ma pratique et mon approche. À plusieurs occasions, je suis passée sur mon propre site et me suis sentie en décalage avec ce que j’y ai lu. Il est temps de réajuster mon discours professionnel. Pourquoi ne pas le faire en transparence ?
Nous sommes le 8 mars, je publie ce premier billet introductif et prévois de le compléter mensuellement pour documenter et illustrer mon processus de refonte et de « design de soi ».
Depuis mon entrée dans la vie active il y a très exactement quatorze ans, on peut dire que mon activité professionnelle et ma pratique du design ont fondamentalement muté, autant que l’industrie elle-même. L’année où j’ai passé mon diplôme, on ne parlait pas de personas, d’experience map, ni même d’expérience utilisateur·trice tout court. Les consœurs et confrères de ma génération ont quasiment eu à s’autoformer à mesure que la discipline a évolué. À l’époque, la meilleure manière de présenter une vidéo était de l’encapsuler dans un lecteur en Flash. Il n’existait pas de frameworks CSS. On commençait d’ailleurs à peine à s’intéresser à lui.
Début 2015, je sortais tout juste d’une immense remise en question, suite à la fin de huit ans en agence. À l’issue d’un travail profond (qui a remis en question bien plus que ma simple approche du métier de designer), j’ai accouché d’une première version du site que vous avez sous les yeux.
2018, rien ne va plus. J’avais pourtant mis plus de six mois à concevoir cette vitrine en ligne, à écrire des cas d’école et à décrire mes services de la manière la plus pertinente que je trouvais. Six mois d’introspection et d’incertitudes, de choix de mots, de questionnements pour arriver à transcrire au mieux ce que je fais, pourquoi je le fais et comment. Et aujourd’hui, pas loin de deux ans plus tard, tout est presque à jeter.
J’avais pourtant tenté de concevoir un portfolio que je puisse faire évoluer facilement avec moi, autant au niveau du contenu que de la modularité du système et de son développement. Mon confrère et ami Goulven Champenois m’avait développé une interface aux petits oignons, j’ai pu découvrir (et adorer) le CMS Kirby. C’est peut-être la seule chose que je vais conserver de l’actuelle version du site, même si je suis toujours en accord avec les couleurs choisies il y a deux ans.
Le CMS et les couleurs, c’est plutôt maigre comme matière de départ, n’est-ce pas ! Qu’allons-nous faire du reste ? Rien n’est vraiment à jeter dans la conception. J’ai une fâcheuse tendance à considérer tout le travail accompli avant une refonte comme des étapes nécessaires pour arriver à concevoir ce que nous nous apprêtons à faire. Je le dis d’ailleurs souvent à mes clients : la nouvelle version que nous allons développer est la somme de tous les apprentissages des itérations précédentes, même si elle n’y ressemble pas à première vue.
Parlons processus. Parmi les étapes que j’aimerais planifier, je commencerai peut-être par un peu d’analyse de l’existant, si cela ne me déprime pas trop. Ensuite, le chantier commencera vraiment avec la phase d’introspection profonde où je vais revenir aux raisons pour lesquelles j’exerce mon métier et ma présence au monde. À force de divergence et d’idéation (j’adore cette phase de chaos créatif comme point de départ), je dégagerai une direction générale et une intention, voire un objectif précis pour mon site. Quand j’aurai collecté tout ce dont j’aurai besoin, je me lancerai dans une phase de rédaction / narration suivie par de l’architecture de contenu. J’attaquerai ensuite le prototypage que j’affinerai jusqu’à arriver à la phase de conception graphique. Le gros morceau sera très certainement l’introspection, qui n’a pas de méthode bien définie.
Parlons enfin planning : il y a quelques années, je m’étais donné une date précise après laquelle j’offrais une bière (ou autre) à la première personne me faisant remarquer que j’étais en retard. Même si le processus est sympathique, je n’ai pas non plus envie de me contraindre dans un planning qui ne fera que me limiter. L’introspection, ça peut prendre un temps assez indéfini, après tout. Pour me motiver à travailler régulièrement sur ce projet, je me suis dit qu’une échéance mensuelle avec la rédaction d’un billet documenté était une bonne manière de rythmer sa conception.
Rendez-vous donc début avril pour la restitution de ma première phase de travail !